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Chapitre 5


 

— J’ai tout vu ! lança Amos furieux. C’est Katina qui l’a tuée !

Après avoir déposé Amos et Armella sur la base de l’île de Chyprona le blodeur était reparti vers Atlantéa. Dans une demi-heure Katina ferait son rapport à la hiérarchie. Simple promenade en dehors des limites protégées qui avait mal tournée.  Il y avait de fortes chances pour que cela remonte jusqu’à la Matriarke.


— N’importe quoi ! lâcha Armella sans le regarder.

Mais elle avait un doute. Beaucoup d’éléments allaient dans ce sens. La blessure par un trait métallique, Katina qui n’avait pas bronchée, le mépris des deux femmes l’une pour l’autre et pour couronner le tout  l’extrémisme de Katina ; une sorte de seconde Armella. De toute façon, même si c’était le cas, la comandress ne pleurerait pas sur son sort. Katina lui avait mis un doute qu’elle n’arrivait pas à évacuer.

— En vous suivant avec le laser-vision, poursuivit Amos, je suis tombé sur Vima. Je l’ai vu tuer un pillard puis repartir vers les autres qui étaient très loin. C’est en croisant Katina qui revenait vers vous que les choses se sont compliquées. Katina a visé Vima et l’a froidement abattue d’une flèche.

Armella ne répondit pas. Confortablement installée devant son bureau elle regardait l’écran mural donnant une image de l’extérieur de l’immeuble. Quelques femmes en tenue de guerrières se promenait dans un grand parc verdoyant. Elle soupira. Cette base était l’aboutissement d’une longue lutte politique. Elle avait été construite grâce à l’argent du parti qu’elle avait créé. Le mouvement de l’Union des Opposantes auPatriarcat regroupant toutes les sympathisantes et ultra féministes de la société atlantéenne. Et il y en avait beaucoup qui refusaient de quitter Gaia pour le système planétaire de Ramson tenue par les hommes. La rumeur entretenue par les guerrières les disait anti-féministes ; mais ce n’était qu’une rumeur.

— Qu’est-ce que tu comptes faire ? relança Amos devant le mutisme de sa maîtresse.
— Tu as couché avec Vima ? interrogea froidement Armella.
— Qu’est-ce que tu racontes ? s’étrangla Amos.
— Réponds ! fit Armella en faisant pivoter son fauteuil dans sa direction.

Amos ne put soutenir le regard noir d’Armella. Se levant il se dirigea vers un distributeur encastré à l’opposé de la cloison écran où l’on apercevait une navette en forme d’œuf se poser sur le parking à ovoïdes. L’engin dont le dôme était semi-transparent laissé apercevoir deux occupantes.

— Elle a essayé de me faire des avances, fit-il en se servant une sorte d’alcool sucré qu’on ne trouvait que sur l’île de Chyprona.

Toute forme d’alcool étant interdite dans la société atlantéenne.

— Ca veut dire quoi essayé.
— Rien de bien méchant, bougonna-il sans la regarder. Tu sais bien comment sont tes guerrières. Tu veux un verre ?
— Donc tu n’as pas couché avec elle !
— Absolument pas ! Lâcha-t-il froidement en la regardant dans les yeux. Je te connais trop bien. Je n’ai pas envie de me compliquer l’existence. Et puis, tu es bien la seule à m’apporter autant de plaisir.

Il avait retrouvé tout son calme et bloqué sa nervosité. Armella ne savait rien. Sinon elle lui aurait déjà arraché les yeux. Par contre il était possible que Katina les ait vu. Et comme elle le détestait un élément nouveau lui avait permis de le mettre en porte-à-faux.  Il savait que Katina mourrait d’envie de reprendre sa place dans la couche d’Armella. Amos réfléchissait à toute allure. Quand ils étaient revenus vers le poste de pilotage Armella et Katina étaient dans le couloir en grande discussion. De quoi parlaient-elles loin des autres ? De lui et de Vima ? Ce qui était sûr c’est qu’Armella avait un doute. Donc ne pas faire de vagues. Il verrait plus tard comment se venger de Katina.

— Remarque, peut-être que j’ai cru voir, éluda-t-il. La poussières des chevaux… laisse tomber. Tu ne veux vraiment pas un verre ? proposa-t-il avec un grand sourire avant de boire un peu de liquide. Tu as tort cette boisson est vraiment merveilleuse.
— J’ai besoin de toute ma tête pour faire face aux problèmes qui vont suivre.

Armella avait d’abord séduit Amos dans un but stratégique. Avoir pour amant le conjoint de la Matriarke rehausserait son image auprès de celles qui l’accompagnaient. Puis secrètement elle s’était mise à l’aimer vraiment tout en continuant à proclamer haut et fort qu’il n’était que sa chose, son trophée. L’irruption de Vima risquait de brouiller son image de conquérante auprès des autres. Ce qui l’énervait le plus c’était la personnalité de Vima ; elle était vraiment moche. Si cela était vrai elle ne comprenait pas pourquoi Amos avait été avec elle ; incompréhensible. Katina  avait-elle inventé cette liaison pour écarter Amos et éliminer Vima ? Possible. Katina ne supportait pas de la partager avec Amos. Armella en était consciente et en jouait. La jalousie de Katina était une sorte de nectar dont elle se délectait. De toute façon elle savait aussi que la parole d’Amos n’était pas fiable ; surtout quand il s’agissait des femmes. Bien avant elle d’autres maîtresses étaient passées dans sa couche et la Matriarke Géromina devait porter des cornes de plusieurs tonnes. En le séduisant Armella, première Ministress et amie de Géromina, avait pensé qu’elle saurait le juguler ; aujourd’hui elle avait un doute.

— Tu vas partir avec un ovoïde en dehors des barrières. Cela te donnera un alibi au cas où.

Amos avait repris sa place en face d’Armella et semblait plus serein. Il fallait mettre de côté cette histoire un certain temps. Après …

— Quel but ?

Le conjoint de la Matriarke n’avait aucune charge contraignante. En dehors des réceptions officielles il faisait de son temps libre ce qu’il voulait. Sa marotte malgré tout était l’observation des peuples barbares installés sur les territoires à la périphérie d’Atlantis.

— Une observation quelconque. Pays d’Assour, Soum, ou Akka, fit Armella qui n’avait jamais compris l’intérêt qu’il portait aux déportés. De toute façon l’officiérine ira dans ton sens.

Tout en parlant elle se demandait si Géromina était au courant des frasques amoureuses de son conjoint. La Matriarke avait un réseau de renseignement personnel assez performant de ce qu’elle avait pu juger sur d’autres affaires. Réseau lui étant totalement interdit malgré son poste de première Ministress. Elle se demandait si son ex-amie, les deux femmes n’étant plus d’accord depuis l’idée de quitter Gaia, était au courant de sa liaison avec Amos.