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Tous feux éteints, la limousine fonçait à vive allure dans la nuit opaque.
Le nez chaussé d’étranges lunettes, le chauffeur évitait habilement trous et ornières du chemin de terre battue. Avec lui, trois passagers de type arabe gardaient un silence pesant.
Le véhicule prit sur sa gauche un chemin encore plus étroit puis, après quelques minutes d’une légère montée, déboucha sur un vaste plateau. La voiture effectua un demi-tour, avant de s’arrêter face à l’entrée du terrain, prête à repartir. Les quatre hommes en costume trois pièces descendirent lentement en se frottant leurs membres engourdis par le voyage. Levant la tête ils se mirent à observer un ciel étoilé sans lune. Celui qui portait des lunettes étranges désigna quelque chose au-dessus d’eux.
— Les voilà !
Démunis de cette curieuse monture ses compagnons n’aperçurent pas immédiatement l’objet désigné. Ils durent patienter quelques instants avant qu’une masse grisâtre commence à se détacher du fond étoilé pour prendre peu à peu la forme d’un bol retourné qui s’immobilisa à un mètre cinquante du sol dans un silence parfait.
Un coup de vent ébouriffa les cheveux des hommes.
Une échelle glissa doucement du dessous de l’engin puis une silhouette sombre descendit suivit de trois autres. Habillés de combinaisons noires collantes barrées d’un large ceinturon trois des nouveaux venus étaient de type arabe. Le quatrième avait la peau d’un noir ébène impressionnant.
— Tu as fait le nécessaire ? interrogea celui qui semblait commander en s’adressant à l’homme aux lunettes.
— Les vêtements sont dans le coffre avec tous les papiers indispensables, répondit l’autre en désignant la limousine. Kartos est-il satisfait de notre action ?
— Pas du tout ! lâcha sèchement son vis-à-vis. Les services secrets américains ont bien failli vous mettre la main dessus. Ce qui nous oblige à recommencer ailleurs !
— Tout de même, se justifia l’homme aux lunettes, nous avons réussi une assez belle opération dans notre secteur et…
— Désormais inutile ! coupa celui qui commandait. La navette américaine commence à faire grincer les dents de Kartos.
L’homme aux lunettes haussa les épaules :
— Un petit gadget tout juste bon à tourner autour de leur planète. Ce n’est pas avec ça qu’ils maîtriseront l’espace. En tout cas ce n’est pas pour demain, essaya-t-il de plaisanter en se tournant vers ses compagnons.
— Il ne faut rien négliger, rétorqua son interlocuteur. Pour l’instant ils se fourvoient complètement mais il suffirait d’un rien pour que subitement ils viennent nous déranger !
— Si je comprends bien, fit l’homme aux lunettes d’un ton désabusé, il faut s’attendre à subir la colère de…
— Il n’aime pas les incapables ! jeta avec une moue méprisante le chef de groupe. Allez ! lança-t-il brusquement en se tournant vers les siens.
Prestement les quatre hommes enlevèrent leurs combinaisons noires qu’ils tendirent aux autres puis sans un mot se dirigèrent vers le coffre de la limousine où se trouvait d’autres costumes. Pendant qu’ils s’habillaient ceux qui avaient fini leur mission de pénétration de la société Terrienne se dirigeaient vers la soucoupe toujours en sustentation au-dessus du sol.
Revêtus désormais dans un style « hommes d’affaires » la relève prit place à bord de la limousine. Avant de s’installer au volant le chef de groupe grommela en regardant la soucoupe s’élever rapidement dans l’obscurité de la nuit :
— J’espère que Kartos renverra ces imbéciles sur Antarés.
Puis il s’installa au volant et démarra. La limousine quitta le plateau et tout redevint silencieux.
Un banal paysage terrien sous un ciel étoilé.
Il ne s’était rien passé.
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